La brune a une bonne crève. Le genre de crève qui en plus d’être assez pénible pour elle, est surtout très pénible pour les gens autour.
Reniflage, toussage, éternuage et parfois les trois en même temps. Pour passer inaperçue, elles vont au ciné (sa crève et elle) pour voir un film de science-fiction bien bourrin avec tout plein de bruits autour qui vont pouvoir masquer ces gémissements plaintifs et son agonie rhumale.
Sauf si…
Sauf si le film en question, s’appelle Interstellar.
Interstellar est le dernier film de Christopher Nolan, alias Mr Inception et Mr Dark Knight. Comme son nom l’indique, ce film ne parle pas de complots politiques, d’histoire d’amour et d’agriculture éco-responsable. Encore que.
La brune doit bien avouer qu’elle a loupé les 10 premières minutes du film car elle attendait que la châtain trouve une place pour garer sa châtain-mobile. Mais peu importe, sur les 2h49 que compte le film, elle a plutôt bien compris de quoi il retournait.
Visiblement, l’histoire se déroule dans un futur proche qui ressemble étrangement au monde tel qu’on le connait actuellement à ceci près que les avancées technologiques sont devenues un luxe que plus personne ne peut se payer. La NASA a mis la clé sous la porte et le nouveau domaine à la mode c’est l’agriculture. A force de polluer et de croître toujours plus vite, l’humanité est en train d’anéantir la Terre pour de bon. La fin étant prévu pour la génération suivante, il est temps de faire quelque chose pour sauver ce qui peut être sauvé.
Cooper (Matthew MacConaughey) est un agriculteur qui n’aime pas l’agriculture. Et pour cause, c’est un ancien pilote d’astronef. Le meilleur. Des meilleurs. (Par soucis de clarté, la brune va faire quelques raccourcis qui empêcheront de spoiler la suite). Bref, le candidat parfait pour le genre de mission désespérée qui va suivre.
Michael Caine ou Prof. Brand ou Prof. Miles ou Alfred explique à Cooper qu’un trou noir s’est formé (ou a été formé) il y a, à peu près, 50 ans. Ce trou noir permettrait de rejoindre des galaxies excessivement lointaines et possiblement de trouver des planètes plus accueillantes. Il y a 10 ans, 12 astronautes ont été envoyés sur 12 planètes différentes pour évaluer la possibilité de vivre sur l’une d’elles. Sans succès apparent.
A présent, ils décident de réitérer l’expérience mais d’envoyer un groupe d’astronautes-scientifiques sur trois planètes. En gros, celles qui ont les meilleurs de stats de vie humaine. Cooper décide d’y aller pour sauver les générations futures et notamment celle de ces enfants. Il part avec la fille du Prof. Brand (Anne Hathaway) et deux autres scientifiques, Doyle et Romilly (Wes Bentley et David Gyasi), ainsi que des robots nommés TARS et CASE à bord du vaisseau surpuissant, l’Endurance.
Ils partent pour un voyage d’une durée indéterminée, tellement indéterminée qu’ils vont vite prendre conscience que la relativité du temps est loin d’être une légende urbaine.
La brune aimerait en dire plus, tellement plus, mais elle a, elle-même, évité de justesse pleins de spoilers avant d’aller voir ce film. Elle n’en dira pas plus sur l’intrigue, et sur ce qui pousse Cooper a aller dans l’espace, et sur la question de la gravité et sur la question de la survie de l’humanité, et sur la question de la vie en dehors de la Terre et sur la question de…. « AAAAAAAAAHHHHHH mais qu’est ce que je fais » se dit la brune. Elle venait d’écrire « tu ne spoileras point » et elle était juste en train de faire la liste de spoils potentiels.
Ne prenez pas la brune pour un jambon. Elle ne vous dira rien. Sauf si vous lui demandez.
Bref, ce qui ressort de ces 3h de film est un sentiment indéfinissable dans les minutes qui suivent le générique de fin.
La brune a eu l’impression d’être passée dans une essoreuse à salade. Le mélange d’images grandioses, de musiques quasi-mystiques, d’intrigues complexes, d’action, de suspens et de messages subliminaux la laisse pantoise. Ceci dit, il est vrai que « ne comprend pas le Nolanien qui veut ». La brune se souvient encore du visionage d’Inception avec le grisonnant et la brune-mère (Inception – Critique de la brune)… Pourtant, Nolan n’est pas un gars compliqué mais un gars qui veut parler de choses compliquées. Après il y a deux écoles : soit on considère qu’au cinéma, on est là pour se détendre et voir ce que peu de télé offre, un spectacle à bas prix, sur écran géant, soit on essaie de réfléchir deux secondes à ce qu’on vient de voir.
Concernant ce film, la brune choisit de ne pas choisir et prend les deux options. Divertissement et réflexion.
La brune n’est pas astrophysicienne et n’est pas une fondue des mystères de l’univers. Cependant, il y a visiblement une incohérence dans ce film qui est l’incohérence préférée des cinéastes qui veulent voyager dans le temps : Le paradoxe temporel. Il n’y aura pas de dissertation pour éviter encore une fois de spoiler, mais résumons notre problème par une phrase simple : Qui de la spatio-poule ou du spatioeuf est arrivé en premier ?
« Personne ne vous entend crier dans l’espace » est une phrase mythique de la saga Alien. Et bizarrement, elle a pris tout son sens dans Interstellar. Jusque là tous les films qui se passent dans l’espace, étaient des films bruyants. Aucun silence. Toujours un bruit de machine ou une discussion en arrière-plan qui venait casser la magie. Interstellar offre de vrais moments de silence où l’on se dit qu’effectivement, tu pourrais chanter du « Black Sabbath » à t’en casser les cordes vocales, ça ne changerait rien au fait que « Personne ne peut vous entendre ». Le jeu des sonorités est vraiment impressionnant dans ce film car à plusieurs reprises, une séquence musique se lance, un suspens insoutenable avec, et tout d’un coup, une explosion qu’on imaginerait assourdissante sur Terre, se transforme en une action violente, lourde de conséquences mais muette. Vu de l’espace, tout est silencieux.
« L’histoire : check, le cas Nolan : check, le ressenti post-visionnage : check, le paradoxe : check… Que reste t il ? Juste les acteurs et le compositeur. Juste »
La brune trouve que Matthew McConaughey est de plus en plus intéressant au fur et à mesure de ses films. En début de carrière, des films faciles, bien payés et qui te propulse sur le devant de la scène (comprenez des films de filles ^^ : comment se faire larguer en 10 leçons; hanté par ses ex; un mariage trop parfait, etc etc) et puis, une fois le compte en banque plein, il s’est mis à choisir scrupuleusement les films pour lesquels il avait envie de jouer (La défence Lincoln, Le règne de feu, Mud, Dallas buyers club, etc). C’est vraiment un bon acteur et avait amplement mérité son oscar en 2013. Ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Anne Hathaway par exemple. Selon la brune, Anne Hathaway dans l’espace, c’est un peu comme Sandra Bullock dans l’espace. Donc ça marche quand c’est Matthew McConaughey, l’acteur principal, mais sinon c’est pas jo-jo, pardon. Sinon Michael Caine est officiellement l’acteur fétiche de Nolan. C’est confirmé ! Mais dans le même temps qui peut lui en vouloir de le faire tourner dans un max de film ? C’est un acteur de génie.
La brune aime la musique. Elle écoute de la musique au réveil, en se brossant les dents, en se maquillant, en allant bosser, en bossant, en rentrant, en faisant à manger, en allant aux toilettes. Bref, tout ça pour dire que la musique c’est la vie, enfin c’est sa vie. Donc le brune est amoureuse de plusieurs compositeurs, mais Hans Zimmer a été, est et restera son préféré. « Oui, il a un peu le nom du méchant dans Die Hard, and so what ? On en reparlera quand Hans Gruber fera du violon. Nanmého ! » La musique de Hans Zimmer est reconnaissable entre mille et est différente pour chaque film. Elle transporte, elle fait rêver, elle est magique. Et dans ce film, elle est mystique.
Bref, ce fut un grand moment pour la brune. Elle a aimé au delà de ses espérances et va pouvoir aller voir le chevelu qui n’est autre que son frère et lui dire :
« Va voir Interstellar. C’est de la bonne. »
Trois heures, 228 reniflements, 4 petites toux et un éternuement plus tard, la brune sorti du cinéma, un peu hagarde, comme quelqu’un qui sort d’un rêve et ne sait pas où se situent les limites du réel et du rêve.
Cette année, Alexandre Astier nous apprend à lever les yeux vers le ciel et Christopher Nolan à les garder ouverts (ou bleus).